Un magistrat inaugure au Palais de Justice ses fonctions de Juge des libertés et de la détention (JLD), dans une audience de prolongation de rétention administrative d’étrangers en situation irrégulière. Dans le cas d’un magistrat nouvellement nommé, les observations du Conseil de l’étranger sont empreintes de pédagogie : il faut plaider le dossier, mais aussi expliquer la procédure. Heureusement, l’avocate connaît bien son métier, et produit aux débats des “précédents”, décisions rendues par des juges expérimentés dans des situations identiques. En vain : à l’issue de son délibéré, le nouveau magistrat annonce qu’il prolonge la rétention de tous les étrangers qui lui ont été présentés.
L’audience étant terminée, l’avocate va récupérer les décisions qu’elle a déposées sur le bureau du juge. « Vous ne me les laissez pas ? demande le JLD, J’aimerais les lire… » Estomaquée, l’avocate reprend ses jurisprudences, et laisse tomber : « Pour ce à quoi ça vous a servi ! »