Un mois après, la lettre ouverte à Madame Carla Bruni est restée sans réponse ni réaction. Un post-scriptum s’impose.

21 août 2011 – Après l’ordonnance rendue par le juge des libertés et de la détention de Lille, ordonnant la remise en liberté de la famille de Roms du Kosovo que le préfet du Puy-de-Dôme s’efforçait d’expulser, les époux B. et leurs trois jeunes enfants ont été reconduits au centre de rétention de Lesquin, le temps d’y récupérer leurs effets personnels.

A leur sortie, les policiers de la P.A.F. leur ont proposé de les accompagner jusqu’à la gare, distante de dix kilomètres, avec une estafette du service.

L’Ordre de Malte a pris le relais. Un de leur permanent a fait monter la famille nombreuse dans le TGV de Paris, puis un autre l’a récupérée à leur arrivée Gare du Nord, pour la convoyer jusqu’à la Gare de Lyon, et l’embarquer dans le train pour Clermont-Ferrand.

Lorsque les deux Roms et leurs trois jeunes enfants sont montés dans le train, les contrôleurs de la SNCF ont fait ceux qui n’avaient rien vu. Ils les ont laissé passer, et voyager sans billet.

Lorsqu’ils sont arrivés dans la soirée en gare de Clermont-Ferrand, leur comité de soutien, composé d’associations et de simples particuliers, les attendait sur le quai. Des anonymes leur ont assuré le gîte et le couvert, jusqu’à ce que leur soit trouvé un nouvel hébergement en hôtel.

Le 21 août 2011, de Lille à Clermont-Ferrand, tout s’est passé un peu comme dans la Chanson pour l’Auvergnat de Georges Brassens.

22 août 2011 – Pour s’assurer que les événements survenus lors des cinq derniers jours seraient sans conséquence sur la santé du bébé qu’elle portait, Mme B. a pris rendez-vous avec un médecin. Mais le soir même, elle était hospitalisée en urgence au service des « grossesses à risques », pour métrorragie et suspicion de rupture de la poche des eaux avec décollement sous-membranaire.

Elle sortait de l’hôpital le 26 août 2011, avec un suivi hebdomadaire renforcé.

21 septembre 2011 – Hospitalisée à nouveau depuis le 18 septembre 2011 dans le service des « grossesses à risques », Madame Basrije H. épouse B. a donné naissance, à son cinquième mois de maternité, à une petite fille qui n’a survécu que quelques heures.

 

Le tribunal administratif de Lille, qui avait rejeté vendredi 19 août 2011 la requête de la famille B., vient de rendre son jugement motivé, ouvrant la possibilité d’en interjeter appel. La Cour administrative de Douai sera rendue destinataire d’un certain nombre de commentaires qu’inspirent cette décision, ainsi que l’arrêté pris par le préfet du Puy-de Dôme.

Devant les magistrats de la Cour d’appel, il n’est guère possible de fredonner des chansons de George Brassens – notamment une qui parait appropriée aux circonstances. C’est regrettable : il y a beaucoup d’humanité dans les textes de Brassens. Davantage que dans certains jugements.