Entre le 7 et le 14 janvier 2011, en l’espace d’une semaine, le ” règne ” du président Ben Ali a pris fin en Tunisie. Pendant ce temps en France, la bureaucratie préfectorale a poursuivi imperturbablement sa besogne. Les évènements en Tunisie ? Quels évènements ?
Lundi 11 février – Après le ” week-end sanglant ” des 8, 9 et 10 janvier 2011 en Tunisie, la ministre des affaires étrangères Michèle Alliot-Marie propose de mettre à la disposition du pouvoir tunisien ” le savoir faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, [afin de permettre] de régler des situations sécuritaires de ce type “.
Lesdites forces de sécurité françaises sont surtout occupées ce jour-là à faire démonstration de leur savoir-faire reconnu dans le monde entier en matière de reconduite à la frontière de Tunisiens en situation irrégulière. Les arrestations et les arrêtés préfectoraux se poursuivent. Et le Burel (bureau de l’éloignement) français continue sans relâche à présenter des sans-papiers aux consuls de Tunisie, aux fins d’obtenir les laissez-passer nécessaires à leur expulsion. La routine.
Jeudi 13 janvier – Le premier ministre François Fillon s’alarme ” de l’utilisation disproportionnée de la violence ” en Tunisie. Dans la capitale, on compte 13 morts de plus, portant le nombre de victimes depuis le début des évènements à un minimum de 81 personnes. Certains manifestants ayant été remis en liberté par le pouvoir tunisien, François Fillon estime qu’il faut ” progresser dans cette voie ” et assure intervenir en ce sens auprès des autorités tunisiennes.
Le même jour, très zen, l’administration préfectorale demande à la justice française de maintenir en centre de rétention un Tunisien, le temps d’obtenir un laissez-passer consulaire permettant de l’embarquer dans un avion pour Tunis.
Vendredi 14 janvier – L’état d’urgence est décrété dans tout le pays, les tirs à balle réelle sont à nouveau autorisés. Le président Ben Ali prend la fuite. Les principaux aéroports sont fermés. Air France annonce qu’il suspend ” jusqu’à nouvel ordre ” tous ses vols à destination de la Tunisie. Des consulats Tunisiens en France sont fermés. Le ministère des affaires étrangères français recommande vivement de ” différer tout voyage qui n’aurait pas un caractère d’urgence “.
Dans les préfectures et au ministère de l’intérieur : rien.
Samedi 15 janvier – En début de journée de samedi, plusieurs dizaines de Tunisiens restaient maintenus en rétention, dans l’attente de leur reconduite vers la Tunisie : 6 à Bobigny, 4 à Lesquin, 1 à Metz, 16 à Lyon, 4 à Nîmes, 2 à Palaiseau, 5 à Rennes, 1 à Strasbourg…