Pour les fêtes du 1er mai, le procureur a requis des contrôles d’identité dans une bonne centaine de rues, chemins, avenues, allées, quais, places, boulevards, et autres impasses des communes d’Armentières. En ce jour où il fait bon chômer, qui plus est un samedi, les porteurs de képis du commissariat sont obligés de fouiller et d’interroger n’importe quel quidam afin de rechercher « des armes, des explosifs, et des stupéfiants ». Des feux d’artifice et du muguet : oui ; des opinels et de l’herbe : non !
Les terroristes et les dealers ne courant pas les rues de ces champêtres contrées, les policiers en sont réduits, à défaut de grives, à prendre dans leurs filets deux étrangers en situation irrégulière. Le Sénégalais et l’Algérien sont venus – quelle idée – faire du tourisme dans l’Armentiérois. Toujours ça de pris pour la préfecture, qui est bien à la peine pour remplir ses quotas. Trente fois hélas, le dossier de la procédure est digne de servir de cas pratique dans les formations de droit des étrangers : une trentaine d’irrégularités est relevée.
Le juge des libertés et de la détention, saisi d’une demande de prolongation de la rétention des sans-papiers, soulève d’office une difficulté liée à la notification de l’ensemble des actes administratifs. « Ce ne sont pas des professionnels », soupire, penaud, le représentant du préfet à l’audience, à l’adresse du magistrat. « Pas des professionnels » : les agents, qui sont de braves gens, apprécieront.